Génèse des
évènements.
Le 3 mars 1909 à
Andeville, l'industriel Schindler affiche de nouveaux salaires
amputés du tiers "pour résister à la concurrence".
Le soir
même, les quatre grandes fabriques du village sont en
grève. En une semaine, le mouvement s'étend à tout
le canton: Méru (6 mars), Lormaison, Saint-Crépin,
Amblainville, Fresneaux, Lardières, Montherlant (9 mars),
Laboissière, Petit-Fercourt, La Villeneuve-le-Roy (10 mars),
Valdampierre et Corbeil-Cerf (11 mars), Esches et Le Déluge.
Seules les communes d'Ivry-le-Temple et du Mesnil-Théribus ne
suivent pas. L'intransigeance patronale bloque les négociations.
L'atmosphère se tend et le ton monte. Durant la nuit du 27 au 28
mars, la maison de l'industriel Potelle, les usines Marchand et Lignez
sont attaquées. Le 28, les gendarmes chargent la manifestation
réunie à Amblainville et blessent 20 personnes. La résidence
cossue de M. Doudelle, vice-président du syndicat patronal, est
le soir même mise à sac par des manifestants inconnus.
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A la suite d'incidents multiples, le Préfet et le
gouvernement Clémenceau
envoient l'armée, procédure courante au début de
ce siècle. Hussards, cuirassiers, chasseurs, dragons, sont
répartis en une trentaine de pelotons dans les villages du
canton, sous l'autorité du général Nicolas.
L'armée ferme les cafés, où se réunissaient
les grévistes, et multiplie les arrestations de syndicalistes
accusés de troubles et sabotages ( la grève est
légale depuis 1865, et le syndicalisme aussi ). Le futur
maréchal de France et vainqueur de la Marne, Joffre vient superviser cette
"campagne de Méru".
Le 14 avril, la grève
est générale et touche aussi les autres corps de
métiers. 6000 personnes
assistent au meeting où prennent la parole J.B. Platel et Niel,
secrétaire général de la C.G.T. La
brutalité de la répression a fait du mouvement
revendicatif des boutonniers de Méru un conflit social de
caractère national. Des dirigeants nationaux de la C.G.T.
viennent à plusieurs reprises participer aux rassemblements et
soutenir les grévistes, même si certains d'entre eux, de
tendance "réformiste", sont en désaccord avec les actions
individuelles à l'encontre des patrons et des non
grévistes. La grève des
boutonniers de 1909 est un des derniers exemples en France d'un
mouvement populaire important fortement influencé par
l'anarchisme, répondant à une intransigeance patronale
très marquée.
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Le 23 avril, le Préfet fait accepter par la
majorité des patrons le tarif pratiqué à Andeville
en 1908. Mais il y a encore 1100
grévistes le 24, 2000
le 3 mai, et 1000 le 6 mai. 3000 personnes participent au
meeting du ler mai à Méru.
La grève se termine
avec les dernières résistances patronales. Le 4 mai
à Méru, le 20 mai à Andeville et le 10 juin pour
les 107 derniers grévistes. Le 3 juin, les soldats ont
quitté Méru. A la fin mai, la grève est
terminée dans toutes les usines du secteur par ce qui peut
apparaître une victoire des ouvriers sur l'obstination patronale.
En fait, dès 1910, les ateliers asphyxiés par la
concurrence étrangère commencent à fermer les uns
après les autres. La première guerre mondiale, de 1914
à 1918, porte un coup décisif à l'industrie
boutonnière de la région de Méru. Nombre
d'ateliers ne redémarrent pas en 1918, ayant perdu à la
fois main d'oeuvre qualifiée et débouchés en
raison de changements des goûts du public.
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